En Martinique, le procès du déboulonnage des statues a commencé
Le procès de l’affaire dite du "déboulonnage des statues" s’est ouvert mercredi au tribunal correctionnel de Fort-de-France en Martiniqiue. Onze personnes sont poursuivies pour “destruction de biens appartenant à une personne publique”.
Dans cette affaire, il y a la loi et cette accusation de destruction de bien public ; il y aussi une mobilisation des Martiniquais contre la version métropolitaine de l’histoire de l’île.
Pour les militants, ces déboulonnages visaient à dénoncer la glorification de figures incarnant l’esclavage et un récit imposé. Pour l’Etat français, il s’agit au contraire d’une atteinte grave au patrimoine.
Dans les livres d’histoire français, l’alsacien Victor Schoelcher est celui qui a aboli l’esclavage, donnant au personnage une aura morale encore à ce jour. Victor Schoelcher, président de la commission d’abolition de l’esclavage est, en effet, l'initiateur du décret du 27 avril 1848 qui abolit définitivement l'esclavage en France.
Mais de plus en plus de Martiniquais ont à cœur de rétablir le déroulé des faits qui ont eu lieu sur leur île. Il existe une remise en question de la mémoire esclavagiste dans les Caraïbes qui traverse l’ensemble des pays ayant connu la traite négrière et le colonialisme.
Le 22 mai, journée de commémoration en Martinique
En Martinique, l’abolition de l’esclavage a été décidée le 23 mai 1848 par le gouverneur de l’époque qui espèrait ainsi calmer une grande révolte d’esclaves après l’arrestation inique de l’un des leurs. Le décret Schoelcher n'arriva que le 10 juin 1848 en Martinique.
C’est pourquoi, le 22 mai 2020, lors des célébrations de l'abolition de l'esclavage, deux statues de Victor Schoelcher ont été déboulonnées. Puis, en juillet de la même année, les statues de Joséphine de Beauharnais et de Pierre Belin d’Esnambuc subissent le même sort.
Ce mercredi, pour l’ouverture du procès, à l’extérieur du Palais de justice, plusieurs dizaines de manifestants se sont rassemblés pour soutenir les prévenus. Les pancartes et chants scandés évoquaient la "réparation historique" et la "fierté martiniquaise". Le verdict est attendu vendredi 7 novembre.