Soudan: le chef de l'aide humanitaire affirme que l’ONU insiste pour entrer à al-Fashir
Les Nations unies tentent d’accéder à al-Fashir, ville de Darfour frappée par la famine, où des témoins signalent des représailles massives depuis la prise de contrôle par les FSR, a indiqué le responsable humanitaire de l’ONU, Tom Fletcher.
Fletcher a indiqué à Reuters qu’il serait extrêmement difficile d’acheminer de l’aide dans la ville, qui serait traitée comme une “scène de crime” pour les enquêtes à la suite de rapports faisant état d’exécutions, de détentions et de viols systématiques.
Beaucoup de ceux qui seraient restés à al-Fashir lorsque la force paramilitaire FSR a pris le contrôle après un long siège sont toujours portés disparus.
Pour entrer dans la ville et pour permettre aux survivants d’en sortir, un passage sûr est nécessaire, a déclaré Fletcher lors d’un entretien mardi soir depuis N'Djamena, au Tchad, après une visite au Darfour.
Fletcher a précisé que les discussions avec les FSR étaient “extrêmement délicates », mais qu’il espérait que l’ONU obtiendrait l’accès dans quelques jours ou semaines, et non dans des mois. “Nous ferons le travail nécessaire pour entrer”, a-t-il dit.
“Atrocités”
La chute d’al-Fashir le 26 octobre a consolidé le contrôle des FSR sur la région du Darfour dans leur guerre de deux ans et demi contre l’armée soudanaise. La ville est coupée des communications depuis l’offensive des forces paramilitaires.
“Il y a eu des atrocités massives, des exécutions de masse, des actes de torture de masse, des violences sexuelles d’une ampleur horrifiante. C’est une ville qui a été assiégée pendant si longtemps : ils auront besoin de nourriture, d’eau, de médicaments”, a précisé Fletcher
“Un travail colossal nous attend”, a-t-il ajouté.
Les FSR affirment que les rapports d’atrocités sont exagérés, mais disent enquêter sur des cas d’abus commis par leurs soldats. La Cour pénale internationale a déclaré qu’elle rassemblait des preuves concernant des allégations de massacres et de viols à al-Fashir.
Bien que plus de 100 000 personnes auraient fui al-Fashir depuis la prise de contrôle par les FSR, seule une petite partie a atteint la ville voisine de Tawila, tenue par des forces neutres.
La plupart des autres se trouveraient dans des villages inaccessibles autour d’al-Fashir.
Fletcher, qui s’est rendu à Tawila où environ un demi-million de déplacés étaient déjà réfugiés, a décrit le trajet de 350 km jusqu’à la frontière tchadienne comme “absolument périlleux”.
Peu de personnes ont les ressources pour franchir les quelque 30 à 40 checkpoints sur la route, “ce qui explique pourquoi il est si urgent d’obtenir l’autorisation complète d’opérer à grande échelle à l’intérieur du Soudan — au Darfour, à Tawila et à al-Fashir”, a-t-il clarifié.
Fletcher a souligné que la distribution de l’aide dépendrait de la capacité des FSR à garantir la sécurité des convois de l’ONU ainsi que des civils en fuite, et d’un engagement à assurer la responsabilité des combattants ayant commis des atrocités.
Le chef de l’aide humanitaire de l’ONU a également indiqué qu’il avait rencontré la semaine dernière à Port-Soudan le chef de l’armée soudanaise, le général Abdel Fattah al-Burhan, pour évoquer un accès complet au pays. L’armée soudanaise a déjà mis en place par le passé des obstacles bureaucratiques à cet accès.