Emmanuel Macron en position de faiblesse face au géant chinois

Le président français entame aujourd’hui une visite de trois jours en Chine, Paris espère l’aide de Pékin dans le dossier ukrainien, un accès aux terres rares, tout en faisant accepter les futures taxes européennes sur les exportations chinoises.

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Arrivée du président Macron et de son épouse en Chine / Reuters

Le président français est attendu à Pékin vers 17h heure locale pour sa quatrième visite en Chine. Ce voyage d'État débutera dès son arrivée par la visite des jardins de Qianlong à la Cité interdite, une halte culturelle et folklorique. Mais c’est lorsque Emmanuel Macron  rencontrera jeudi le président chinois, Xi Jinping, que les choses sérieuses commenceront sur le plan politique. 

 "Nous voulons, et ce sera l'objet de la conversation stratégique avec le président Xi Jinping, que l'Europe soit respectée comme un grand partenaire de la Chine", a insisté l'Élysée à la veille de la visite.

La Chine malmenée par les États-Unis a augmenté ses exportations vers l’Union européenne (UE), qui est devenue un marché de substitution pour la surcapacité industrielle chinoise. Ainsi, les ventes de produits textiles chinois ont progressé de 20% dans l’UE au premier semestre 2025.

Six ministres sont du voyage

Macron amène avec lui six ministres (Affaires étrangères, Économie, Agriculture, Environnement, Enseignement supérieur, Culture) ainsi que 35 dirigeants de grandes entreprises telles qu’EDF, Danone, ou encore Airbus. Le cœur des discussions entre les dirigeants français et chinois sera donc commercial, car la France espère remporter quelques marchés, et souhaite de tous ses vœux un rééquilibrage des relations commerciales entre les deux pays.

Le déficit commercial entre la France et la Chine a doublé en dix ans pour atteindre 47 milliards d'euros en 2024.

Cette visite s'inscrit dans un contexte où le géant chinois du e-commerce, Shein est sous la pression des autorités françaises,mais cela ne va pas changer la tendance.
La Chine est l’atelier du monde et inonde l’Europe de produits bon marché, les marques chinoises sont familières aux oreilles des Français comme Temu, Alibaba, MG, Huawei.

La Chine concurrence désormais l’Europe sur les produits de haute technologie, avec par exemple ses voitures électriques bien moins chères que les voitures européennes.

Un soutien diplomatique chinois

Emmanuel Macron a donc la difficile tâche de faire entendre la voix de l’Union européenne qui a actuellement des relations tendues avec la deuxième économie du monde. 

Les exportations chinoises d’acier et de textile bon marché mettent à mal l’industrie et le secteur de l'habillement en Europe et la Commission européenne menace de taxer les produits chinois. 

Pékin, qui est en position de force, ne goûte guère les nouvelles taxations sur l’acier chinois ou encore sur les colis de moins de 150 euros qui a été adoptée par l’Europe. Les élus français viennent aussi de voter une taxe sur les petits colis qui doit entrer en vigueur le 1er janvier 2026.



Pékin est un allié de Moscou

Emmanuel Macron est également venu en Chine pour essayer d’obtenir le soutien de Pékin dans le dossier ukrainien. La Chine est un allié de Moscou, elle livre du matériel militaire depuis bientôt quatre années et a toujours soutenu la stratégie de Poutine.

Malgré tout, Emmanuel Macron cherche le soutien de Pékin dans ce dossier. Pékin a l’oreille de Moscou, c’est certain, mais le géant chinois ne jouera pas les entremetteurs sans contrepartie. Difficile dans ce cas d’obtenir d’un côté une relation commerciale plus équilibrée et un soutien diplomatique de Pékin sur la position européenne dans le dossier ukrainien.

Les deux dirigeants se retrouveront vendredi à Chengdu, dans la province du Sichuan (centre), pour une rencontre informelle. Emmanuel Macron a également prévu de visiter le barrage de Dujiangyan, puis il rencontrera les étudiants de l’Université du Sichuan, et les joueurs français et chinois à l’occasion de la Coupe du monde de tennis de table par équipes mixtes.