L'Algérie veut renouer avec le Mali

Le ministre algérien des Affaires étrangères a dit “tendre la main” au Mali en vue de la normalisation des relations plombées par la séparatistes dans le nord de ce pays d’Afrique de l’Ouest.

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Le ministre algérien des Affaires étrangères, Ahmed Attaf.

Va t-on assister à un dégel des relations tendues entre l'Algérie et le Mali ? L'Algérie semble avoir envoyé un signal dans ce sens ce mardi. 

“Notre pays tend la main à ses frères du Mali, car l’Algérie possède une patience inépuisable pour faire face avec sagesse, sérénité et clairvoyance à tous les problèmes accablants qui l’entourent”, a déclaré mardi 18 novembre le ministre algérien des Affaires étrangères Ahmed Attaf en conférence de presse à Alger.

Parce qu’elle croit en “l’unité du patrimoine historique, des aspirations et du destin”, l’Algérie est “constamment motivée à tendre la main de la solidarité, de la coopération et de la fraternité à tous ses frères”, a-t-il souligné, ajoutant que son pays a “ la volonté et la détermination qui lui permettent de contribuer efficacement à la sécurité, à la stabilité et à la prospérité de ses voisins et de sa sphère d’appartenance”.

Bamako vit actuellement une situation sécuritaire difficile, marquée par les tentatives des terroristes de priver le Mali du ravitaillement en hydrocarbures.

Les autorités ont même dû reporter la rentrée des classes du fait des difficultés à se déplacer en raison des pénuries de carburant notamment. 

La démarche d’Alger tranche toutefois avec l’ambiance crispée entre les deux pays. Cette atmosphère a culminé avec une passe d’armes sans précédent en octobre dernier, par discours interposés du haut de la tribune de l'Assemblée générale de l’ONU. 

La réaction de Bamako est d’autant plus attendue que les relations entre les deux pays sont au point mort, chaque pays ayant rappelé son ambassadeur pour divergence de vues à propos de la résolution de la crise sécuritaire qui secoue le Mali.

Le Mali récuse les concertations bilatérales de l'Algérie avec les séparatistes touaregs et  l'accueil  de “l’Imam contestataire” Mahmoud Dicko.

L’Algérie, pour sa part, s’est toujours défendu  de rechercher “la paix et de la stabilité du Mali”.

“L'attachement intransmissible de l'Algérie à l'intégrité territoriale, à la souveraineté et à l'unité nationale du Mali”, “la voie pacifique” pour “garantir la paix au Mali” ainsi que “la réconciliation (...) sans exclusion” guident l’action d’Alger, indiquait en janvier 2024 un communiqué du ministère algérien des Affaires étrangères.

En 2015, l'Algérie avait même parrainé tout le processus de paix qui a abouti aux accords d’Alger, entre le gouvernement malien et les séparatistes touaregs. Mais le processus a été dénoncé par Bamako.

Lors de son discours de fin d’année 2023, le Colonel Assimi Goïta, président de la transition au Mali, a proclamé “l’appropriation nationale du processus de paix, en donnant toutes les chances à un dialogue direct inter-malien pour la paix et la réconciliation”, afin d’“éliminer les racines des conflits communautaires et intercommunautaires”.

Intérêts communs

Un éventuel retour à la paix dans le nord du Mali serait aussi salutaire pour les relations économiques entre les deux pays frontaliers, avec les perspectives de relance de l’exploitation pétrolière. 

La Sonatrach (société nationale de pétrole d’Algérie) qui était impliquée depuis 2007 dans l’exploration pétrolière au Mali, à travers sa filiale internationale Sipex a dû ravaler ses ambitions, alors que bien avant la crise au Mali, Alger s’était donné pour ambition d'augmenter substantiellement sa production pétrolière “avec 30% de son débit total de champs en dehors de son territoire national” à l’horizon 2025.

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