Le porte-parole du gouvernement Olivier Véran a appelé à "l’unité de la nation". (Reuters)

C’est la fin des vacances pour l’exécutif français, qui doit se remettre au travail avec des sujets sensibles au programme. Au lendemain d’un dîner de travail avec la Première ministre Elisabeth Borne, Emmanuel Macron, de retour de trois semaines de vacances, a réuni son gouvernement.

En ouverture du Conseil des ministres qui s’est déroulé ce matin, Macron a indiqué que la France vit "la fin de l'abondance" et "la fin de l'insouciance" face aux crises qui se multiplient alors que le porte-parole du gouvernement Olivier Véran a appelé à "l’unité de la nation".

Un budget qui risque d’être forcé

Faute de majorité absolue à l’Assemblée, le gouvernement anticipe un possible recours à l'article 49.3, qui permet d'adopter un texte sans vote, en engageant la responsabilité du gouvernement, pour faire adopter le projet de loi de finances 2023. Traditionnellement, les oppositions votent contre pour exprimer leur désaccord avec la politique du gouvernement.

"A partir du moment où on devine que les Nupes (a minima) vont poser des milliers d'amendements, on voit mal comment on pourrait faire autrement…" déclare une députée de la majorité.

L’énergie, sujet chauffant face à l’inflation

En conséquence de la guerre en Ukraine, l’hiver s’annonce difficile pour l’Europe avec une augmentation des prix de gaz. Macron a préparé dès le 14 juillet les Français à un automne difficile, avec des risques de pénurie d'énergie et a demandé aux Français "d'accepter de payer le prix de notre liberté et de nos valeurs" le 19 août.

Les Français devront donc faire des sacrifices au moment où l’inflation atteint déjà des niveaux élevés.

Si le gouvernement a mis en place le bouclier tarifaire en 2022 qui a permis d’épargner les Français de l'envolée des prix, Véran a annoncé que ce bouclier tarifaire n'avait pas vocation à rester en place indéfiniment.

"Le gouvernement ne pourra pas, car la dette publique est quelque chose qui compte pour les Français et nous oblige à faire des choix, indéfiniment geler les prix", a-t-il déclaré.

Pour remplacer le bouclier tarifaire, le gouvernement veut mettre en place des aides ciblées. "On va aller vers des mécanismes qui vont plus cibler les gens qui en ont le plus besoin, ce qui ne veut pas dire que les classes moyennes ne seront pas aidées", avait indiqué Macron.

Véran a ajouté que le gouvernement allait présenter un projet de loi lié au domaine de l'énergie qui concernera "tous les projets de protection de l'énergie", afin de les "accélérer".

Le climat en première ligne

Le dérèglement climatique a été le sujet le plus remarquable de cet été. Les vagues de canicule, la sécheresse historique, les coupures d’eau potable dans certaines communes ou encore les feux de forêts à répétition ont démontré une fois de plus que le sujet de l’urgence climatique doit être une des priorités du gouvernement.

"C'est un été d'après le changement climatique, de prise de conscience totale même chez les plus sceptiques", a assuré Véran.

Macron a demandé à Borne de "remettre à l'automne un agenda de planification écologique décliné par mois et années", précise l'Elysée. Elle doit également prononcer un "discours fort sur la sobriété et la transition énergétiques" à l'université d'été du Medef fin août.

Le président de la République organisera quant à lui un séminaire gouvernemental consacré à l'écologie fin août.

Réforme des retraites et assurance chômage, des dossiers explosifs

La reprise des débats à l'Assemblée, le 4 octobre, risque d'être houleuse sur les dossiers de réforme de l’assurance chômage et de retraites.

Macron avait proposé pendant sa campagne présidentielle de reporter l'âge légal de départ à la retraite à 65 ans, avec un système de carrières longues et de pénibilité, ce que l’opposition conteste.

Quant à la nouvelle réforme assurance chômage, elle promet d'en durcir les conditions d'accès avec un conditionnement du RSA à 15 ou 20 heures d'activité hebdomadaire.

Les syndicats et organisations politiques sont attendus dans la rue pour contester ces réformes. La CGT a d'ores et déjà prévu le 29 septembre une journée de grève axée sur le pouvoir d'achat, les salaires et la réforme des retraites.

La sécurité et l’immigration dans le débat public

Après plusieurs faits divers durant l’été dont un tir par balle après un rodéo urbain et un mort lors d'un refus d'obtempérer, le thème de la sécurité a fait son retour dans le débat public dont le projet de loi d'orientation et de programmation du ministère de l'Intérieur qui doit apporter 15 milliards d'euros supplémentaires de budget en cinq ans.

Au menu du ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin figure également "une réforme profonde de l’organisation de l’asile, une intégration bien plus exigeante des étrangers arrivant sur le territoire national, une réflexion nécessaire sur le rapport entre immigration et économie".

Précisant qu’il voudrait rendre possible l’expulsion de ceux qui ont "commis des actes graves", Darmanin a également promis dans un entretien au Figaro, "une lutte plus intraitable que jamais contre les étrangers délinquants".

Macron a annoncé l'ouverture "d'un grand séminaire gouvernemental" dès la semaine prochaine, pour "structurer les grands chantiers" de la rentrée pour traiter les sujets de sécurité, de justice, de travail, d’énergie, de finance et de social.

En plus d’être privé de la majorité absolue depuis juin, l’exécutif doit composer avec une cote de popularité terne. 63 % de Français sont insatisfaits de l’action de Macron selon le dernier baromètre mensuel du Journal du dimanche. L’Ifop souligne que pour la première fois depuis le début de la crise sanitaire, Macron est minoritaire dans l’opinion de toutes les catégories de la population.

TRT Francais