Ukraine : étrangers condamnés, poursuite de la bataille pour Severodonetsk (AFP)

"La Cour suprême de la République populaire de Donetsk a condamné à mort les Britanniques Aiden Aslin et Shaun Pinner, et le Marocain Brahim Saadoun, accusés d'avoir participé aux combats comme mercenaires", a annoncé l'agence de presse officielle russe TASS.

Les trois hommes, faits prisonniers dans la région de Marioupol selon les Russes, vont faire appel, a précisé TASS.

Londres s'est déclarée "gravement préoccupée".

Quatre militaires volontaires étrangers dont un Français ont été tués en combattant l'offensive russe en Ukraine, selon la Légion internationale pour la défense de l'Ukraine (LIDU), organisme officiel des combattants volontaires étrangers.

La Russie, qui dénonce fréquemment la présence de ces "mercenaires", a affirmé cette semaine avoir tué "des centaines" de combattants étrangers depuis le début de son offensive le 24 février, et endigué le flux de nouveaux arrivants.

Le nombre exact de ces étrangers n'est pas connu.

Début mars, peu après le début de l'offensive russe le 24 février, le président ukrainien Volodymyr Zelensky avait affirmé que 16.000 étrangers s'étaient portés volontaires, un chiffre invérifiable de source indépendante.

Bombardements "puissants"

Cette annonce survient alors que les Russes et les prorusses peinent à prendre le contrôle total de Severodonetsk, pilonnée depuis plusieurs semaines.

"Severodonetsk, Lyssytchansk, et d'autres villes du Donbass, que les occupants considèrent maintenant comme leurs cibles, tiennent bon", a déclaré M. Zelensky dans une allocution jeudi soir.

Prendre Severodonetsk ouvrirait à Moscou la route d'une autre grande ville du Donbass, Kramatorsk, étape importante pour conquérir l'intégralité de cette région frontalière de la Russie, en partie tenue par des séparatistes prorusses depuis 2014.

L'Ukraine pourrait toutefois reprendre Severodonetsk "en deux, trois jours", dès qu'elle disposera d'artillerie occidentale "de longue portée", a assuré jeudi Serguiï Gaïdaï, gouverneur de Lougansk, l'une des deux régions du Donbass.

Les Ukrainiens ne cessent de réclamer à leurs alliés occidentaux de nouvelles armes plus puissantes.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a dit avoir évoqué jeudi avec le président français Emmanuel Macron l'aide militaire de la France à l'Ukraine, y compris en "armes lourdes", ainsi que la candidature de Kiev à l'entrée dans l'Union européenne.

La livraison de systèmes de lance-roquettes multiples, d'une portée d'environ 80 km, soit légèrement supérieure aux systèmes russes, a été annoncée par Washington et par Londres, mais on ignore quand les Ukrainiens pourront commencer à les utiliser.

En attendant ces armes, Kiev déplore chaque jour "jusqu'à 100 soldats tués" et "500 blessés" dans les combats avec l'armée russe, a déclaré jeudi le ministre ukrainien de la Défense, Oleksiï Reznikov.

La semaine dernière, Severodonetsk semblait sur le point de tomber aux mains de l'armée russe, mais les troupes ukrainiennes ont contre-attaqué, malgré leur infériorité numérique.

Les forces russes ont regagné du terrain depuis, et contrôlaient mercredi soir "une majeure partie" de la ville, selon le gouverneur ukrainien.

Lyssytchansk, voisine de Severodonetsk, reste entièrement sous contrôle ukrainien mais subit des bombardements "puissants", selon M. Gaïdaï, qui accuse les Russes de viser "délibérément" les hôpitaux et centres de distribution d'aide humanitaire.

Les Russes bombardent aussi la région de Donetsk, l'autre partie du Donbass, "sur tout le long de la ligne de front", avec notamment des attaques sur Sloviansk et Bakhmout, selon Kiev. "Les Russes ont tué trois civils dans la région de Donetsk, deux à Avdiïvka et un à Novooukraïnka", a indiqué sur Telegram le gouverneur régional Pavlo Kyrylenko.

Selon un rapport de l'armée ukrainienne publié sur Facebook "les Russes ont bombardé plus de 20 localités dans les régions de Donetsk et de Lougansk".

Par ailleurs, selon la même source, les forces ukrainiennes ont "repoussé aujourd'hui (jeudi) sept attaques de l'ennemi. Sur deux sites, les combats se poursuivent toujours".

Dans ce contexte, le ministère de la Défense russe accuse l'armée ukrainienne de retenir des centaines de civils dans les sous-sols de l'usine Azot de Severodonetsk.

A Kiev, la capitale ukrainienne initialement visée par l'armée russe, "il n'y a aucun risque d'attaque", a estimé jeudi le ministre de l'Intérieur ukrainien, Denis Monastirskiï, dans un entretien avec l'AFP.

De son côté, le président russe Vladimir Poutine a comparé jeudi sa politique à celle du tsar Pierre le Grand lorsque ce dernier avait combattu la Suède, envahissant une partie de son territoire. "On a l'impression qu'en combattant la Suède, il s'emparait de quelque chose. Il ne s'emparait de rien, il reprenait", a-t-il dit.

AFP