Mardi soir, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a renouvelé son appel à une évacuation des civils encore présents à Marioupol (Reuters)

"Nous vivons peut-être nos derniers jours, voire nos dernières heures", a affirmé un commandant de militaires ukrainiens assiégés à Marioupol, port stratégique du sud-est de l'Ukraine, dont Moscou s'est juré de prendre le contrôle.

"L'ennemi est dix fois plus nombreux que nous", a déclaré Serguiy Volyna, de la 36e brigade de la marine nationale, sur Facebook.

"Nous appelons et supplions tous les dirigeants du monde de nous aider. Nous leur demandons d'utiliser la procédure d'extraction et de nous emmener sur le territoire d'un pays tiers".

La Russie affirme de son côté avoir ouvert un couloir censé permettre aux forces ukrainiennes ayant décidé de se rendre de sortir de Marioupol. Mardi dans la soirée, l'armée russe a cependant déploré que "personne" n'ait emprunté ce couloir humanitaire. Ce dernier sera rouvert de nouveau mercredi à partir de 11H00 GMT, selon la même source.

Dans cette ville où les autorités craignent la mort de 20.000 à 22.000 civils, les combats se concentrent autour du complexe métallurgique d'Azovstal.

Des combattants ukrainiens y sont retranchés, mais aussi "au moins mille civils, la plupart des femmes, des enfants et des personnes âgées, dans les abris souterrains" de l'usine, a affirmé mardi le conseil municipal de Marioupol sur Telegram.

La Russie, qui a appelé mardi les défenseurs de Marioupol à cesser "leur résistance insensée" après un premier ultimatum dimanche, est déterminée à s'emparer de ce port. Cette prise stratégique lui permettrait de faire la jonction entre la Crimée, annexée en 2014, et les républiques séparatistes prorusses du Donbass.

"Sauver notre peuple"

Mardi soir, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a renouvelé son appel à une évacuation des civils encore présents à Marioupol.

"La situation à Marioupol reste la même, aussi critique qu'elle peut l'être. L'armée russe bloque tous les efforts visant à organiser des corridors humanitaires et sauver notre peuple", a déclaré M. Zelensky dans une vidéo sur sa page Facebook.

Avec cette offensive dans l'est de l'Ukraine, la Russie confirme une "nouvelle phase" de la guerre qu'elle a déclenchée en février, face à laquelle les alliés occidentaux de l'Ukraine ont décidé de répondre en allant nettement plus loin dans leur soutien militaire, avec l'envoi d'avions de combat.

"Aujourd'hui, ils ont à leur disposition plus d'avions de chasse qu'il y a deux semaines", a déclaré mardi le porte-parole du Pentagone John Kirby, lors d'un point de presse.

"Sans entrer dans les détails sur ce que d'autres pays fournissent, je dirais qu'ils ont reçu des appareils supplémentaires et des pièces détachées pour accroître leur flotte", a-t-il ajouté, laissant entendre qu'il s'agissait d'appareils de fabrication russe.

Kiev réclamait de ses partenaires occidentaux des Mig-29 que ses militaires savent déjà piloter, et dont disposent une poignée de pays d'Europe de l'Est.

Après l'envoi de pièces d'artillerie Howitzer annoncé la semaine dernière par Joe Biden, cette annonce témoigne d'un changement d'attitude des Occidentaux, qui ont pendant plus d'un mois refusé de fournir à l'Ukraine des armements lourds, pour éviter toute escalade du conflit.

Nouvelles sanctions

Réunis mardi en visioconférence, Les Etats-Unis, la France, l'Allemagne, la Grande-Bretagne, la Pologne, l'Italie, le Canada, la Roumanie et le Japon ont aussi décidé "d'accentuer la pression sur le Kremlin, notamment à travers l'adoption de nouvelles sanctions".

Ces annonces côté occidental interviennent au moment où les forces armées ukrainiennes ont confirmé mardi que les Russes avaient "intensifié leur offensive" le long de la ligne de front dans l'Est du pays.

Le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a reconnu mardi qu'une "nouvelle phase de l'opération" militaire russe avait commencé. E t son homologue à la Défense, Sergueï Choïgou a dit suivre le "plan de libération" des "républiques" séparatistes prorusses de Donetsk et Lougansk (Est de l'Ukraine), établi par le président russe Vladimir Poutine qui a reconnu leur indépendance.

Les forces aériennes russes ont tiré des "missiles de haute précision" et neutralisé treize places fortes de l'armée ukrainienne, a affirmé son ministère, appelant les Ukrainiens à la reddition.

"Ne tentez pas le destin, prenez la seule décision correcte, celle de cesser les opérations militaires et déposez les armes", a dit le ministère r usse de la Défense, dans un communiqué.

Selon un haut responsable américain du département de la Défense, la Russie a augmenté sa présence militaire dans l'est et le sud de l'Ukraine, portant à 76 le total de bataillons dans le pays.

Appel à la "pause humanitaire"

Cette nouvelle offensive russe a été dénoncée, depuis New York, par le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres, qui a demandé aux deux parties de stopper les combats pour une "pause humanitaire" de quatre jours à l'occasion de la Pâque orthodoxe.

Sur le terrain, la Russie a fait état de dizaines d'autres frappes de missiles dans le sud de l'Ukraine, autre ligne de front.

Dans la nuit de mardi à mercredi, l'état-major des forces ukrainiennes a affirmé que celles-ci avaient repoussé dix attaques russes et détruit notamment "douze tanks" au cours des dernières 24 heures dans les régions de Lougansk et Dontesk.

Moscou, qui occupe déjà la ville de Kherson, "concentre ses forces" pour avancer vers la région de Mykolaïv, plus à l'ouest, où les bombardements se sont intensifiés, a aussi indiqué mardi Natalia Goumeniouk, porte-parole du commandement sud des forces armées ukrainiennes.

Dans cette région, le commandemant sud des forces armées ukrainiennes a fait état mardi du bombardement d'un hôpital à Bashtanka où le nombre de victimes n'était pas connu.

A Kherson, la population continue à manifester contre la présence russe et boycotte les produits "importés par les occupants", a également indiqué le commandement sud.

Agences