Pays-Bas : la Turquie a joué un rôle important entre la Russie et l'Ukraine (AFP)

Le ministre néerlandais des Affaires étrangères, Wopke Hoekstra, a salué le rôle "important" joué par la Turquie dans les négociations Russie-Ukraine, soulignant dans le même temps l'importance de cette dernière pour les investisseurs de son pays.

Dans le cadre de sa visite dans la capitale turque Ankara afin de participer à la 9e conférence turco-néerlandaise de Wittenberg, le chef de la diplomatie néerlandaise a répondu aux questions du correspondant de l'Agence Anadolu.

Les Pays-Bas et la Turquie

Hoekstra a insisté sur le rôle important joué par Ankara dans les négociations russo-ukrainiennes, remerciant au passage le président de la République de la Turquie, Recep Tayyip Erdogan, et le ministre turc des Affaires étrangères, Mevlut Cavusoglu, pour leurs implications

Il a fait savoir qu’il a eu "des discussions détaillées avec Cavusoglu sur la sécurité et la stabilité de l'Ukraine et les moyens d'empêcher de mettre en danger la paix sur le continent européen".

Hoekstra a déclaré, mercredi, durant une conférence de presse conjointe tenue avec Cavusoglu à Ankara que l'accueil par la Turquie de la conférence turco-néerlandaise de Wittenberg "est une opportunité importante de renforcer les relations bilatérales".

Il a également rappelé que les relations turco-néerlandaises "incluent de vastes domaines, notamment la coopération dans la lutte contre l'immigration (irrégulière), la sécurité et l'économie", soulignant "la volonté des deux pays de développer leurs relations".

Ce dernier a estimé que la Turquie a "raison dans ses déclarations concernant le terrorisme", soulignant que "chaque pays a le devoir de combattre le terrorisme".

Cavusoglu avait par ailleurs déclaré lors de la même conférence : "Tout le monde s'accorde à dire que les inquiétudes (de sécurité) de la Turquie sont légitimes concernant la demande de la Suède et de la Finlande d'adhérer à l'OTAN", soulignant la nécessité de prendre des mesures concrètes concernant les inquiétudes d'Ankara, qui, selon tous, doivent être dissipées.

Il a précisé que tout le monde et les alliés de l'OTAN connaissent les justifications de la position de la Turquie concernant la demande des deux pays d'adhérer à l'OTAN, notant que son pays a démontré, avec des preuves, le soutien apporté au terrorisme dans ces deux pays.

Le chef de la diplomatie turque a dit avoir discuté de cette question avec son homologue néerlandais, ajoutant : "Tout le monde s'accorde à dire que nos inquiétudes sont légitimes, et ils disent qu'elles doivent être dissipées, donc des mesures concrètes doivent être prises à cet égard".

D'autre part, Hoekstra a rappelé "l'importance de la Turquie pour les investisseurs néerlandais, exprimant sa satisfaction face à la profondeur et à la force des relations entre les deux pays".

"La Turquie est une composante commerciale et d'investissements importante aux Pays-Bas", a-t-il insisté, notant que les deux pays ont "une grande occasion pour renforcer les opportunités de commerce et de coopération dans davantage de domaines".

Soutien militaire à l'Ukraine

Au cours de l'entrevue, Hoekstra a loué "le courage et le dévouement des Ukrainiens dans la défense de leur liberté", soulignant "l'importance de la contribution des Pays-Bas avec tous les alliés de l'OTAN dans ce domaine".

"Ce qui se passe en Ukraine a des répercussions et des conséquences qui nous affectent également. Par conséquent, l'une des choses importantes que les Pays-Bas devraient faire avec leurs alliés de l'OTAN est de renforcer notre flanc oriental", a-t-il expliqué avant de poursuivre:

"Cela nous permettra de défendre chaque centimètre carré du territoire de l'OTAN, et c'est la raison pour laquelle les Pays-Bas augmentent leur présence en Lituanie et en Slovaquie, car nous voyons cela comme une responsabilité commune qui doit être assumée."

Concernant la question de savoir si Amsterdam envisage de fournir à Kiev le système de défense antiaérien "Patriot", Hoekstra a déclaré, "de nombreux gouvernements en Europe, en plus des États-Unis, cherchent à aider l'Ukraine".

Il a confirmé que "les aides les plus importantes qui puissent être fournies à l'Ukraine en ce moment sont les équipements militaires, car si elle (Ukraine) réussit à bien se défendre dans les zones de guerre, sa position sera plus forte à la table des négociations".

Hoekstra a rappelé que les Pays-Bas "examinent attentivement toutes les demandes qu'ils reçoivent de l'Ukraine".

Il a précisé qu'ils avaient discuté de la question avec l'Allemagne et qu'ils essayaient "d'aider l'Ukraine en lui fournissant toutes les armes dont elle a besoin".

Les Pays-Bas ont reçu des avertissements directs ou des menaces de la Russie à ce sujet (en raison de la fourniture à Kiev du système Patriot)

"La guerre en cours en Ukraine est une agression d'un pays par un autre", a-t-il dit.

"La Russie a choisi de violer les lois internationales et a commis toutes sortes de crimes en Ukraine, bombardant des villes et tuant des civils et des soldats", a-t-il ajouté.

Hoekstra a confirmé l'importance de parler des crimes commis par la Russie en Ukraine au monde entier et d'aider l'Ukraine en lui fournissant des armes, de l'aide humanitaire, et en assurant un accueil digne des réfugiés tout en imposant des sanctions à la Russie, "comme l'ont fait de nombreux pays, les Pays-Bas en tête".

Il a exprimé son espoir "de voir l'élargissement de l'alliance avec l'adhésion de la Finlande et de la Suède".

Et à propos des effets de l'installation du système Patriot des Pays-Bas en Slovaquie sur la sécurité de son pays, Hoekstra a déclaré qu'il s'agissait d'une "étape importante pour renforcer la force de l'aile orientale de l'OTAN".

Le 24 février, la Russie a lancé une offensive contre l'Ukraine, suivie d'un rejet international et de sanctions économiques sévères contre Moscou, qui stipulent pour mettre fin à son opération que Kiev renonce à son projet de rejoindre des entités militaires et reste neutre, ce que cette dernière considère comme une "ingérence dans sa souveraineté".

AA