Nicolas de Rivière : "La France et l'UE peuvent coopérer avec la Turquie sur l'Ukraine" (Others)

La Turquie et la France ont eu des relations tendues ces dernières années, qu'il s'agisse des questions relatives à la Syrie, la Libye, la Méditerranée orientale ou encore d'autres conflits d'intérêts, les deux pays allant jusqu'à s'échanger des accusations.

Alors que la France assume la présidence tournante du Conseil de sécurité de l'ONU depuis le 1er septembre, Nicolas de Rivière a accordé un entretien exclusif à l'Agence Anadolu (AA).

Il s'est dit heureux de voir que les relations avec la Turquie s'étaient "beaucoup améliorées", ajoutant que la France et l'Union européenne (UE) peuvent renforcer leur coopération avec Ankara.

"Nous sommes plus qu'heureux de coopérer avec la Turquie sur l'Ukraine. Je pense que c'est absolument essentiel", a-t-il déclaré avant de saluer tous les efforts pour mettre fin à la guerre en Ukraine, et d'ajouter que les efforts d'Ankara seront déterminants.

Il est à rappeler que le président français, Emmanuel Macron, a tenté d'assumer un rôle de médiateur entre l'Ukraine et la Russie, depuis le début de la guerre, le 24 février.

Cependant, Nicolas De Rivière a brossé un tableau sombre des perspectives d'un cessez-le-feu éventuel dans un avenir proche alors que la contre-offensive de l'Ukraine dans le sud du pays, notamment à Kherson, se poursuit.

"Je crains que les combats ne se poursuivent pendant un certain temps. Je ne pense pas que le cessez-le-feu arrivera bientôt, a-t-il déploré. Je suis un peu sceptique quant à la capacité de l'Ukraine à regagner ses territoires perdus. Je serais surpris que l'Ukraine puisse expulser les Russes du Donbass ou les expulser de la Crimée."

Pourparlers sur le nucléaire iranien

Ayant été le négociateur en chef de la France dans les pourparlers sur le nucléaire iranien, De Rivière a estimé qu'il était essentiel pour la sécurité mondiale de revenir à l'accord historique de 2015, alors que les États-Unis ont exprimé leur optimisme quant à la possibilité de parvenir à un accord avec Téhéran après des pourparlers indirects organisés par l'UE à Vienne au cours du mois d'août.

Le Représentant permanent de la France au Conseil de Sécurité des Nations unies a fustigé "ceux qui critiquent le JCPOA (Joint Comprehensive Plan of Action)", ajoutant que ces derniers "n'ont probablement aucune connaissance de la substance de l'accord et en ignorent les réalités".

Le JCPOA a permis l'imposition d'un régime d'inspections internationales sur le programme nucléaire de Téhéran en échange d'un allégement des sanctions internationales mordantes qui ont entravé l'économie iranienne.

En 2018, le président de l'époque, Donald Trump, a unilatéralement quitté l'accord et réimposé les sanctions américaines dans un effort vain pour ramener l'Iran à la table des négociations.

Rappelant le contexte de crise énergétique due à la guerre en Ukraine, De Rivière a déclaré que le retour du pétrole iranien sur les marchés mondiaux, dans le cas d'un accord suivi de la levée des sanctions américaines, pourrait contribuer à la stabilisation du marché.

AA