Le Burkina Faso privilégie le défi sécuritaire à l'ultimatum de la CEDEAO (AFP)

Le Burkina Faso privilégie le défi sécuritaire à l'ultimatum de la CEDEAO. "Nous n’allons pas sacrifier nos efforts de ramener la paix en courant derrière un calendrier intangible", a déclaré le porte-parole du gouvernement.

Alors que l’ultimatum donné par la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) aux nouvelles autorités du Burkina Faso pour fournir un chronogramme "clair" devant aboutir à des élections arrive à échéance ce lundi, le porte-parole du gouvernement burkinabè Lionel Bilgo a réaffirmé la veille que le pays n’allait pas sacrifier ses efforts de lutte contre le terrorisme en courant derrière un calendrier.

S’exprimant dimanche soir, à la télévision publique (RTB), Bilgo a soutenu que les discussions se poursuivent et que le Burkina Faso était dans une "très bonne disposition" à entendre aussi les remarques de la CEDEAO.

"Par contre une chose est sûre et certaine. Nous avons des priorités. Comme l’a dit son Excellence le Président du Faso, si toutefois la paix revienne le plus rapidement possible, nous serons prêts à organiser des élections pour qu’un régime constitutionnel voté par les Burkinabè prenne place. Par contre, nous n’allons pas sacrifier nos efforts ( de ramener) la paix au Burkina Faso en courant derrière un calendrier intangible et dont le délai ne tient pas du tout compte des réalités du terrain".

CEDEAO et contexualisation des réalités de Burkina Faso

"Je pense très sincèrement que cette CEDEAO doit contextualiser son regard et prendre en compte les réalités de chaque pays et de chaque territoire. Le régime MPP (le régime déchu de Roch Marc Christian Kaboré) a dû annuler des élections sur le territoire burkinabè parce qu’il n’était pas capable de les organiser vu la situation sécuritaire", a-t-il rappelé.

"Est- ce qu’on est capable aujourd’hui, de faire 150 kms sur notre territoire de gauche à droite, pour organiser des élections dans la paix et la quiétude et mettre en danger des vies humaines alors que notre priorité est de sécuriser le territoire burkinabè", s’est interrogé le porte-parole du gouvernement.

Bilgo a soutenu que le Burkina Faso a toujours expliqué à la CEDEAO que ce calendrier qui a été mis en place de façon consensuelle est un calendrier réfléchi et qui tient compte du défi majeur "que nous avons aujourd’hui, qui est le rétablissement de la sécurité.

"Si nous arrivons à le faire, en dessous des trois années comme l’a dit le président Damiba, nous organiserons ces élections et nous croyons que ce délai est raisonnable et qu’avec l’ensemble des Burkinabè, nous allons y arriver", a-t-il insisté.

Les autorités burkinabè ont proposé une durée de trois ans pour la transition. La CEDEAO qui s'est dite "préoccupée" par cette durée a exigé lors de son dernier sommet extraordinaire tenu à Accra au Ghana, fin mars, un chronogramme clair devant aboutir aux élections, avec comme date butoir ce 25 avril, sous peine de sanctions contre le pays.

La CEDEAO n'a pas encore réagi à cette sortie du gouvernement burkinabè.

Le Burkina Faso est toujours suspendu des instances de plusieurs organisations internationales telles que la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) de l’Union africaine et de la Francophonie.

Jeudi dernier, Damiba a rassuré le corps diplomatique accrédité au Burkina Faso ainsi que les représentants des organisations internationales et interafricaines sur la conduite de la transition amorcée depuis le putsch du 24 janvier dernier.

"Des relations amicales ne doivent être cloisonnées ni par des murs physiques ni par des principes intangibles. Aucun principe ne saurait nous limiter. Au nom de la coopération qui doit nous lier, nous devons éviter des barrières infranchissables qui n’aideront pas à maintenir les formes de coopération et d’amitié que nous avons", a déclaré Damiba.

AA